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Zarch

Les qanâts d’Iran inscrits sur la Liste du patrimoine mondial

Yazd-Iran
Messie

Tour Guide, Tehran, Iran

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Au cours de la 40e réunion du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO à Istanbul, onze qanâts iraniens ont été inscrits sur la Liste du patrimoine de l’humanité. Parmi ces œuvres figure le qanât le plus ancien du pays, vieux de plus de 2500 ans (le plus récent datant d’il y a 200 ans), ainsi que le qanât le plus long de l’Iran, d’une longueur de 100 kilomètres. Ces onze qanâts sélectionnés par le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO ont également des particularités techniques qui les font se distinguer des 37 000 qanâts actuels du pays.

Les onze qanâts sélectionnés pour être inscrits sur la Liste du patrimoine de l’humanité se situent dans six provinces iraniennes: Khorâssân Razavi, Korâssân du Sud, Kermân, Yazd, Ispahan et Markazi.

Plan simplifié d’un qanât

Dans la présentation du dossier du qanât perse, le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO offre cette description des qanâts iraniens:«Dans l’ensemble des régions arides de l’Iran, des établissements agricoles et permanents sont soutenus par l’ancien système de qanâts qui puisent l’eau des sources aquifères en amont des vallées et la font circuler par gravité le long de tunnels souterrains, souvent sur de nombreux kilomètres. Les 11 qanâts qui représentent ce système comprennent des aires de repos pour les travailleurs, des réservoirs d’eau et des moulins à eau. Le système de gestion communautaire traditionnel encore en place permet un partage et une distribution de l’eau équitables et durables. Les qanâts fournissent un témoignage exceptionnel sur des traditions culturelles et des civilisations de zones désertiques au climat aride.»

Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, les sites doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. Le dossier du Qanât perse a été présenté à l’UNESCO pour être placé sur la Liste du patrimoine mondial en vertu de deux critères importants de l’UNESCO pour sélectionner les sites naturels:

«Critère III: apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue;

Critère IV: offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine.».

Qu’est-ce qu’un qanât?

La technique de la construction des qanâts fut élaborée et mise en œuvre en Iran, il y a plus de 3000 ans. Les Iraniens transférèrent ensuite ce savoir-faire vers les régions voisines. Certains documents laissent croire qu’à l’époque achéménide, les Perses enseignèrent ces techniques aux habitants d’Oman sous le règne de Cyrus le Grand (roi des Perses 559-530 av. J.-C.). A l’époque de Darius Ier (522-486 av. J.-C.), les Perses firent creuser des qanâts dans les oasis d’Egypte.

Selon l’historien grec du IVe siècle avant notre ère Callisthène, qui accompagna Alexandre pendant sa campagne d’Asie, les Perses avaient résolu le problème de distribution équitable de l’eau du qanât en utilisant une horloge à eau (clepsydre).

Vue aérienne des puits d’accès

De nombreux historiens s’accordent à dire que la technique du qanât a été développée en Perse - l’Iran préislamique - il y a plus de trois mille ans, puis s’est répandue vers l’est. Les techniques iraniennes de la construction des qanâts se propagèrent vers l’est, de l’Afghanistan jusqu’à l’Inde et la Chine, et vers l’ouest jusqu’aux pays de l’Afrique du Nord comme le Maroc, l’Algérie et la Libye. Elle a même été introduite à Palerme en Sicile. En fait, l’apprenant des Perses, les Romains la développèrent jusqu’en Tunisie, et les Arabes la transmirent jusqu’en Espagne et au Maroc. Au IIe siècle avant notre ère, l’historien grec Polybe décrit les qanâts des Perses et leurs techniques de construction pour acheminer l’eau jusque dans le désert.

Le qanât est une galerie souterraine creusée d’une manière quasi-horizontale. Il contient cependant une pente douce pour que l’eau puisse s’écouler du haut vers le bas. Le but de la construction de cette galerie est d’avoir accès à une nappe d’eau souterraine et à acheminer l’eau par cette galerie souterraine vers l’extérieur à une distance assez éloignée de l’endroit où on creuse le premier puits dit le «puits mère».

Vue aérienne des puits d’accès

En effet, la construction d’un qanât commence par le forage du puits mère. Le but de ce premier forage est d’accéder au niveau de la nappe d’eau souterraine. Ensuite, les ouvriers spécialisés dans le creusement des galeries souterraines se mettent au travail pour creuser la galerie au fond du puits mère dans la direction que l’on a déterminée d’avance pour le qanât.

Au rythme de l’avancement du travail du creusement de la galerie, il faut procéder au forage d’une série de puits verticaux à des intervalles de 50 à 100 mètres. L’existence de ces puits d’accès permet aux techniciens qui creusent le qanât et qui l’entretiendront plus tard de pouvoir évacuer les débris du creusement et les sédiments. C’est aussi une manière d’assurer la ventilation de la galerie souterraine, vitale pour les ouvriers qui travaillent à cette profondeur. La longueur de la galerie peut atteindre plusieurs kilomètres, voire plusieurs dizaines de kilomètres. Le qanât est une source d’approvisionnement en eau fiable et permanent dans les régions arides et semi-arides. L’un des grands avantages des qanâts est qu’ils résistent aux catastrophes naturelles comme les séismes et les inondations, et que le changement du taux des précipitations ne les affecte pas à court ou à moyen terme.

La sortie du qanât

Autrefois, la construction d’un qanât était généralement financée par des propriétaires terriens qui se regroupaient pour recruter les ouvriers spécialisés afin d’identifier d’abord une nappe phréatique. L’équipe procédait ensuite au creusement des puits et de la galerie. Mais étant donné que le qanât était une propriété indivise, le grand problème soulevé était celui de la distribution équitable de l’eau. En outre, la maintenance du qanât pouvait également être source de problèmes.

Les anciens Iraniens avaient résolu le problème de la distribution équitable de l’eau du qanât en utilisant le système efficace de l’horloge à eau ou clepsydre. Dans les villages, les paysans désignaient l’un d’entre eux pour surveiller la distribution équitable de l’eau du qanât. Cette personne s’installait à la sortie de l’eau et plaçait un petit récipient spécifiquement troué dans un récipient plus grand rempli d’eau, et après le remplissage du petit récipient (une ou plusieurs fois d’après les quotas), il changeait le cours de l’eau et l’acheminait vers le ruisseau d’un autre agriculteur.

Mais il faut rappeler que l’eau du qanât n’était pas uniquement utilisée dans les fermes. Sur leur itinéraire, les qanâts arrosaient aussi les quartiers et assuraient l’approvisionnement en eau potable de la population. Ils remplissaient les citernes et fournissaient en eau les mosquées ou les hammams.

Galerie souterraine

Si le travail de maintenance s’effectue de manière correcte et régulière, les qanâts sont des ouvrages qui résistent merveilleusement à l’épreuve du temps. Cette durabilité est due à plusieurs facteurs: le respect de la nature et de la capacité des nappes phréatiques et la modération dans l’usage de leurs ressources, l’utilisation de matériaux de construction locaux, la résistance des ouvrages aux catastrophes naturelles comme les séismes, l’autonomie énergétique du système, et enfin son efficacité dans la distribution de l’eau.

Le qanât Qassabeh

Le qanât Qassabeh, également appelé «Key-Khosrow», est sans doute le qanât le plus vieux et le plus profond du monde. D’après les documents anciens comme le récit de voyage de Nâsser Khosrow (1004-1074), sa construction remonte à plus de 2500 ans. Le qanât Qassabeh de la ville de Gonâbâd (province du Khorâssân Razavi au nord-est de l’Iran) comporte 427 puits d’accès. Son puits mère a une profondeur de 320 mètres et la longueur de sa galerie est de 13,1 kilomètres. Dans son ouvrage, Nâsser Khosrow décrit la longueur du qanât et la profondeur de son puits mère en ajoutant qu’il a été construit sur l’ordre de Key-Khosrow, roi mythologique iranien. Selon certaines recherches, le qanât a été construit avant l’ère achéménide, et développé et entretenu durant le règne du fondateur de la dynastie achéménide, Cyrus le Grand.

Horloge à eau d’un qanât

Le qanât de Zartch

Le qanât de Zartch, situé dans la province de Yazd, est un autre qanât iranien inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Avec près de 80 kilomètres de longueur, Zartch est le plus long qanât de l’Iran et comporte 2 110 puits d’accès qui servent à la maintenance et aux rénovations. D’après les résultats des recherches scientifiques, le qanât de Zartch est aussi ancien que le qanât de Qassabeh. Sa construction remonte à environ 3000 ans.

Le qanât de Baladeh

La construction du qanât de Baladeh remonte à l’époque de la dynastie préislamique des Sassanides. Ce qanât est, en réalité, constitué d’un réseau de 16 qanâts. Il se trouve à Ferdows, petite ville de la province du Khorâssân du Sud. Il arrose les terres agricoles de la région et fait tourner 12 moulins à eau sur son passage.

Le qanât de Moun

Le qanât de Moun est le seul qanât à deux étages du monde. Il se trouve à Ardestân, dans la province d’Ispahan. Les eaux des deux étages de cet ouvrage souterrain ne se mêlent jamais. Les deux galeries parallèles de ce qanât se trouvent l’une au-dessus de l’autre à des profondeurs différentes de la terre. Ceci alors qu’ils ont pourtant des puits d’accès communs.

Travaux de la construction d’un qanât au XIXe siècle

Les qanâts jumeaux d’Akbarâbâd et de Qâssemâbâd

Les qanâts jumeaux d’Akbarâbâd et de Qâssemâbâd se trouvent à Bam, dans la province de Kermân. Les deux qanâts ont un itinéraire parallèle et leur débit est supérieur à tous les qanâts de l’Iran.

Le qanât de Vazvan

Le qanât de Vazvan se trouve dans la province d’Ispahan. La grande particularité de ce qanât est qu’une partie de sa galerie souterraine comprend un barrage et un réservoir qui peuvent conserver l’eau pendant une période de 120 jours, chaque année, pendant la saison où les agriculteurs de la région n’ont pas besoin de cette eau. Au début du printemps, le barrage est levé et les paysans peuvent faire usage de l’eau.